Un très beau texte vu sur facebook

Mathieu Mauries
4 h ·
JE SUIS LE PAYSAN, CELUI QUI FAIT LE PAYS, TON
PAYS, l ’ Enchanteur qui te nourrit et fait pousser la Vie.

Je suis celui qui donne la Vie, je suis celui qui donne la Mort parce que tel est l’éternel recommencement.
Je travaille le jour, je travaille la nuit. Je pleure, je ris, je suis en Vie. Je travaille chaque jour de chaque saison et chaque jour est comme une chanson.

Dans la boue, dans le vent, sous la pluie ou sous la neige, je suis le Paysan. A mon troupeau j’offre mon temps, ma passion, mon Amour. Je les aime tant.

J’endure dans le silence de mon cœur, l’abandon, la tristesse, la solitude, la fatigue, le découragement, l’injustice, la dure réalité de mon métier. Je suis trempé comme une soupe, j’ai très froid, j’ai très chaud mais pour mes bêtes je reste droit.
Mon rêve de petit garçon porte des cloches. Leur musique m’enchante au-delà de toute joie. Mes brebis me ravissent, mes chèvres m’étourdissent, mes chiens marchent à mes côtés. Fidèles compagnons qu’ils sont sur ce chemin sans horizon.

Consommateur réveille-toi, toi seul peut nous sauver de la disparition. Je te nourris toi qui ne me connais pas. Les Paysans ont besoin de toi. De tes choix notre sort dépend.
Je suis le Paysan. Nous sommes les Paysans, Nous sommes les Paysannes, nous avons besoin d’aide. Trop de pudeur pour tant de malheur. Trop de souffrance dans un grand silence. N’oubliez pas vos enfants, vos petits enfants, nous sommes leur avenir, leur santé. Pour eux l’espoir d’une terre meilleure. Ne laissez pas s’éteindre nos lumières et nos cœurs.

Les Animaux, les Plantes et le Savoir sont ma religion. Droits jusqu’à la fin nous nous tenons. A qui allons-nous transmettre toute cette Passion ? Quand les administrations, sans scrupules, nous font toucher le fond.

Seuls dans notre désespoir, les mots ne sortent plus de nos bouches. Et dans nos étables des cordes nous étouffent. Aidez-nous car nos mots sont d’encre noire hurlés dans la nuit noire. J’écris je cris en silence, je n’ai plus de force, que des mots vides de sens. Aidez-nous. Dans chaque coin de France, une heure, un jour, une semaine pour que l’espoir à nouveau renaisse comme nos agneaux à chaque printemps apparaissent.

Mathieu Mauriès 2018