Quand l'irréparable devient la solution ultime pour se libérer

Bonjour.
Je reviens sur ce forum pour essayer de trouver des réponses, si il y'en a.
Je ne savais même pas comment nommer le sujet.
J'ai eu une longue confession d'une amie, son mari ayant mis fin à ses jours.
Il s'agit d'un agri que je connaissais depuis longtemps.  
Depuis plusieurs années, il a lentement glissé dans une dépression qui l'a anéanti petit à petit. Malgré un fort caractère, il n'a pas remonté à la surface.
Sa forte personnalité n'était peut-être qu'une carapace, comme tout être humain, il devait y avoir une faille, que même ses proches n'ont peut-être pas décelé.
Comment peut-on, en quelques mois, perdre toutes motivations, sombrer dans l'alcool, le tabac, le désespoir, et se murer dans la solitude ??
Quand la souffrance morale devient trop forte, la seule façon de se libérer semble être mettre fin à ses jours.
Je ne juge pas ce geste, car c'est SA décision.
L'ambiance était devenue invivable pour la famille également.
Il laisse en arrière son épouse et ses enfants !!    
C'est vraiment une maladie sournoise.
Le plus dur, trouver la force continuer, pour ceux qui restent.
À présent, après toutes ces confidences, je suis bouleversé, et j'ai plusieurs fois craqué...
Cette personne n'existe plus que dans ma mémoire, et ça ma fout vraiment les boules...
Je connais les morts brutales, j'ai déjà été confronté dans ma famille.
Voilà, un bien triste sujet, mais qui mérite qu'on en parle.
À bientôt sur le forum...

Nous vivons une période très difficile dans notre métier et il n'est pas facile de trouver des explications ni aux gestes de certains agriculteurs, ni à ceux qui nous dirigent et sont sans doute responsables de notre manque de visibilité.
Bon courage à tous, n'hésitons pas à en parler et il y a des associations qui peuvent aussi venir en aide à certains.

La dépression est une maladie très sournoise qui passe souvent innaperçue pour les proches au départ, chacun pense que c'est simplement un moment de tristesse ou de fatigue passagère.
Mais pour le malade, le mal est bien plus profond et semble insurmontable. Sa seule issue est de trouver du réconfort auprès de ses proches, des médecins ou bien d'associations diverses, mais pour certains au caractère bien trempé ou par honte, ne s'ouvrent pas facilement vers les autres et c'est la lente descente aux enfers.

J'ai perdu un proche il y a 4ans de cette façon, jamais je me serai douté un seul instant de tout ce qui lui passait par la tête et toutes ses idées noires qui le hantait. Jamais il en a parlé à qui que se soit, la veille quand je l'ai vu, il me semblait aller parfaitement bien.

Quand je m'en suis rendu compte, il était trop tard: une lettre était sur la table, expliquant son passage à l'acte, mais lui était introuvable... Après deux heures de recherches, ce sont les plongeurs qui l'ont remonté d'une rivière à 3km d'ici d'où il avait été se jeté dedans, après avoir parcouru cette distance à pied le matin à 6h.
Des témoins l'ont croisé, avançant d'un pas déterminé et le regard fixe, ne s'arrêtant même pas dans les carrefours devant les voitures, il avait son objectif, comme si plus rien d'autre ne comptait...

Cela fera 4ans le 29 février, une date qui me marque et tous les jours je me dis que je suis complètement passé à côté, que je n'ai rien vu, que je n'ai rien fais... Que j'aurai du, pourtant...
Mais la vie doit continuer, ce n'est pas tous les jours facile, j'avoue. Et cela m'a fait prendre conscience de certaines priorité de la vie, de profiter des siens autant qu'on le peut, et que ça ne vaut pas la peine de se ruiner la santé juste pour du boulot.

Pour être passé pas loin, le gros problème de la dépression,c'est la honte. Le discours entendu de mon père était "les psy,ils sont souvent plus malades que leurs patients!". Puis un jour, j'ai mis ma voiture dans un mur a basse vitesse pour appeler à l'aide. Je ne me suis rendu compte de rien avant d'en arriver là, on se bat comme on peut sans se rendre compte que tout va mal. Le gars qui choisi de partir pense que cela est la seule solution, "simplement" parce qu'il n'en voit pas d'autres

On ne peut pas critiquer ou condamner son geste,juste faire comprendre à ceux qui restent qu'il y a d'autres solutions.

Je vais peut-être jeter un pavé mais combien ont repris la ferme par obligation familiale? Cela ne doit pas aider à être heureux!

Quand on regarde de l'extérieur, on n'a pas toujours toutes les cartes visibles!

On voit trop souvent les personnes les plus investies dans le travail,ayant à coeur de faire au mieux commettre l'irréparable.
La somme d'efforts déployés dans ce métier et le peu de reconnaissance en retour peut parfois mener au drame.
Ce n'est pas la seule explication mais ça n'arrange rien.

plus jeune, j'ai pris des cours pour pouvoir enseigner, il y avait une formation sur les problèmes liés à l'adolescence, ce que j'ai retenu, c'est que quand quelqu'un souffre de dépression et que tout à coup, sans se soigner, il redevient miraculeusement heureux, c'est qu'il y a urgence, l'irréparable est imminent.

eta un autre a écrit:plus jeune, j'ai pris des cours pour pouvoir enseigner, il y avait une formation sur les problèmes liés à l'adolescence, ce que j'ai retenu, c'est que quand quelqu'un souffre de dépression et que tout à coup, sans se soigner, il redevient miraculeusement heureux, c'est qu'il y a urgence, l'irréparable est imminent.

pas forcemment,j'ai sombré vraiment au fond du fond puis je suis remonté et je n'ai plus d'idées suicidaires,je relativises beaucoup plus !

Tant mieux pour toi !!! mais ce que je veux dire c'est pour les personnes qui du jour au lendemain, tout va bien, ça va aller, c'est derrière moi maintenant, il vaut mieux pas les lâcher d'une semelle. Après, comme je dis souvent à ma femme, je ne suis qu'un tourneur de broche d'attelage et un psychologue de comptoir 

Medard86 a écrit:On voit trop souvent les personnes les plus investies dans le travail,ayant à coeur de faire au mieux commettre l'irréparable.
La somme d'efforts déployés dans ce métier et le peu de reconnaissance en retour peut parfois mener au drame.
Ce n'est pas la seule explication mais ça n'arrange rien.

je ne pense pas qu'ils attendaient de la reconnaissance !!

mais pour se qui est d’être investit dans son travail, oui je l'ai vécu plus d'une fois et pas qu'en agriculture ! je pense que se noyer dans le travail, est une manière de lutter contre les idées noires ... et quand ils passent à l'acte, c'est la stupéfaction dans leurs entourage !

Medard86 a écrit:On voit trop souvent les personnes les plus investies dans le travail,ayant à coeur de faire au mieux commettre l'irréparable.
La somme d'efforts déployés dans ce métier et le peu de reconnaissance en retour peut parfois mener au drame.
Ce n'est pas la seule explication mais ça n'arrange rien.

La dépression à plusieurs facettes.
Il y a aussi, plus goût au travail, la paperasse, ect

Mr John 6930, c'est dans tes Connaissances aujourd'hui et hier c'était malheureusement dans une connaissance que moi et Médard devait connaître ! .
Paix à leurs âmes

C'est tout les jours dans ce métier, ça devient complètement dingue.
Je ne porterai jamais de jugement sur leurs actes, car ici tout le monde peut en être à la merci.