SHANGHAI express

par Invité Sam 22 Mai 2010 - 18:53

Alors qu'au Grenelle de l'environnement I, II et III des comités théodules composés de savants discutaient de mon empreinte écologique, des dégâts causés par mon activité professionnelle à la santé des plus fragiles, de la disparition des pique-prunes due à l'agriculture productiviste, voilà-ti pas qu'en écoutant Borloo depuis la radio de mon tracteur je décide que y'en a marre, et que la seule manière de ne plus entendre de discours culpabilisateurs était de dire à ma femme: Simone ! On - se - casse !

Sitôt dit, sitôt fait et après être passé au scanner nous voilà dans l'avion, le moyen de transport plébiscité par les écolos en soif de destinations exotiques. Jetant un regard par le hublot je remarquais sur le tarmac, de la taille d’une fourmi verte, Cécile Duflot descendant d’un 747 de Virgin airlines de retour des Maldives puis, à ma grande stupéfaction je remarquais assis à côté de moi en train de ronfler, devinez qui, Jean-louis Borloo, le ministre du développement durable qui était en partance pour Shanghaï où il devait inaugurer demain soir le pavillon - développement durable - de la France à l'exposition universelle.

Après avoir vidé une bouteille d’Evian dans son col de chemise il finit enfin par se réveiller. En vrai il est pareil qu’à la télé : on a toujours l’impression qu’il sort du lit où qu’il a fait la fête la veille.

Après les présentations d’usage, le temps qu’il m’explique son projet de faire de la France un Center park et d’écluser quelques bouteilles de Champ’, nous voilà déjà survolant le désert, très aride, de Gobi avant de traverser les hauts plateaux chinois et d’entamer une longue descente en escalier vers la côte est de la mer de Chine, puis d’atterrir à l’aéroport de Shanghai où nous réconfortons au passage Corinne Lepage en pleurs d’avoir égaré ses bagages, son billet d’avion retour et son discours sur la décroissance verte, elle ne savait plus si c’était à l’escale de Bangkok ou à celle de Djakarta, à moins que ce ne soit lors du stop à Manille. Bref, il fallait lui trouver une solution pour rentrer. C’est là que j’ai eu l’idée.

De la Chine, à l’aller nous n’avions rien vu. Bien que le ciel soit sans nuages, une épaisse fumée noire nous avait empêché d’admirer la grande Muraille à travers le hublot, pourtant visible depuis la Lune qu’ils avaient dit à la télé. Cela changeait beaucoup de la mosaïque de cultures que j’avais pu admirer après le décollage à Roissy.

C’est en pensant à cela que je proposais, un peu perfidement, à Corinne de rentrer en train, afin de profiter des paysages et du romantisme dont l’avion nous avait sevrés. Une fois dans le Transsibérien, madame n’aura plus à s’occuper de quoi que ce soit jusqu’à Bruxelles si ce n’est d’admirer ce que la nature a à offrir, la seule difficulté du voyage résidant à affronter sur le dernier tronçon du parcours une probable grève de la SNCF ou des taxis, un bug informatique, un blocage de la gare du Nord par des infirmiers anesthésistes ou une attaque de racailles dans le Francilien, avant d’atteindre avec soulagement son bureau parisien du 7^ième arrondissement, l’hélicoptère d’Arthus n’étant pas disponible pour le moment.

Top là qu’elle me dit, j’en profiterai pour écrire un article pour Libération sur le développement de l’énergie solaire en Chine et gagner quelques ronds et hop la voilà dans le train.

Depuis, tout ce qu’on a retrouvé c’est son journal.
http://www.questionchine.net/IMG/_article_PDF/QuestionChine.net-article_2618.pdf